La crise sanitaire a mis en lumière les difficultés de recrutement dans certains secteurs d’activité, qualifiés de métiers en tension. Ces métiers, qui vont du bâtiment à l’informatique en passant par la santé ou l’agriculture, peinent à trouver des candidats qualifiés et motivés pour répondre aux besoins des employeurs. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est accentué avec la pandémie, qui a entraîné des restrictions de mobilité, des changements d’orientation professionnelle ou des départs à la retraite anticipés. Face à cette situation, comment les pays européens peuvent-ils attirer et fidéliser les travailleurs dans les métiers en tension ? Quelles sont les solutions envisagées ou mises en œuvre pour pallier le manque de main-d’œuvre ?
Un indicateur de tension qui atteint des sommets
Selon une étude publiée en septembre 2022 par la Dares et Pôle emploi, les tensions sur le marché du travail ont atteint en 2021 leur plus haut niveau depuis 2011 en France. L’indicateur synthétique de tension, qui mesure le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi par métier et par zone géographique, a augmenté dans presque tous les métiers et est particulièrement élevé dans ceux du bâtiment, de l’industrie, de l’informatique et des télécommunications, ainsi que chez les infirmiers. Au total, 7 métiers sur 10 sont en tension forte ou très forte en 2021.
Voici une vidéo relatant ces faits :
La France n’est pas le seul pays européen à faire face à ce problème. Selon une enquête menée par Eurostat en juillet 2022, 28 % des entreprises de l’Union européenne ont déclaré avoir des difficultés à recruter du personnel qualifié, contre 18 % en 2019. Les secteurs les plus touchés sont ceux de la construction (40 %), de l’hébergement et de la restauration (38 %) et de l’information et de la communication (36 %). Les pays les plus affectés sont la République tchèque (61 %), la Belgique (53 %) et la Suède (49 %).
Les causes multiples et variées des tensions
Les tensions sur le marché du travail peuvent avoir des origines diverses selon les métiers et les territoires. Parmi les facteurs explicatifs, on peut citer :
- La fréquence élevée des besoins de recrutement, liée à la reprise économique après la crise sanitaire, à la transformation numérique ou à la transition écologique.
- Les conditions de travail ou d’emploi peu attractives, qui peuvent dissuader les candidats potentiels ou favoriser le turnover. Il peut s’agir de contraintes horaires, physiques, sanitaires ou salariales.
- Le manque de main-d’œuvre disponible, qui peut résulter d’un déficit de formation initiale ou continue, d’un vieillissement de la population active ou d’une faible mobilité géographique ou professionnelle.
- Le décalage entre les compétences requises par les recruteurs et celles détenues par les personnes en recherche d’emploi, qui peut être dû à une évolution rapide des besoins ou à une mauvaise adéquation entre l’offre et la demande de formation.
- Le désajustement géographique entre la demande et l’offre de travail, qui peut s’expliquer par une concentration des emplois dans certaines zones urbaines ou touristiques ou par une inégale répartition des infrastructures et des services publics.
Les pistes pour réduire les tensions
Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers en tension, plusieurs leviers peuvent être actionnés par les pouvoirs publics, les partenaires sociaux, les employeurs ou les travailleurs eux-mêmes. Parmi ces pistes, on peut mentionner :
- L’amélioration de l’attractivité des métiers en tension, par exemple en revalorisant les salaires, en aménageant les conditions de travail, en proposant des perspectives d’évolution ou en valorisant les aspects positifs de ces professions.
- Le développement de l’offre de formation, notamment en adaptant les contenus et les modalités aux besoins du marché du travail, en renforçant l’orientation et l’information des jeunes et des demandeurs d’emploi, en favorisant l’alternance ou la validation des acquis de l’expérience.
- Le soutien à la mobilité géographique ou professionnelle, par exemple en facilitant l’accès au logement, aux transports ou aux services de garde d’enfants, en accompagnant les transitions professionnelles ou en reconnaissant les qualifications acquises dans d’autres pays ou secteurs.
- L’ouverture à la main-d’œuvre étrangère, notamment en simplifiant les procédures d’immigration, en créant des titres de séjour spécifiques pour les métiers en tension, en régularisant les travailleurs sans papiers ou en favorisant l’intégration des migrants.
Un défi à relever collectivement
La pénurie de main-d’œuvre dans les métiers en tension est un problème à l’échelle européenne, qui nécessite une réponse coordonnée et adaptée aux spécificités de chaque pays, de chaque secteur et de chaque métier. Il s’agit d’un défi majeur pour la compétitivité des entreprises, la cohésion sociale et la transition écologique. Il implique une mobilisation de tous les acteurs concernés, qui doivent agir de manière concertée et innovante pour attirer et fidéliser les travailleurs dans les métiers en tension.
Une réponse pour “Faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers en tension en Europe”