L’intelligence artificielle a révolutionné le recrutement, mais son utilisation par les candidats génère un nouveau défi : l’afflux de CV automatisés contenant des informations erronées. Selon une étude de Remote, une entreprise française sur deux a reçu des CV générés par IA avec de fausses données, compliquant la sélection des profils qualifiés.
L’explosion des CV automatisés
Les outils d’IA permettent désormais de générer des CV en quelques clics, adaptés aux mots-clés des offres d’emploi. 72 % des recruteurs français ont reçu ces six derniers mois des candidatures contenant des informations falsifiées, selon l’étude Remote. Les postes de direction et les secteurs IT sont particulièrement touchés, avec 77 % de CV douteux pour les directeurs et 73 % pour les postes exécutifs.
Ce phénomène entraîne une perte de temps considérable : les entreprises passent en moyenne 9,86 jours à trier des candidatures inadaptées pour chaque poste vacant. 43 % d’entre elles peinent à trouver des profils correspondant à leurs besoins, malgré un flux de CV massif.
Les conséquences pour les recruteurs
Face à cette situation, 38 % des entreprises françaises accélèrent leurs processus d’embauche, réduisant le temps d’examen de chaque dossier. Cette précipitation risque de faire passer à côté des vrais talents, masqués par les candidatures automatisées.
Les réseaux sociaux professionnels ne sont pas épargnés : 61 % des publications LinkedIn en France présentent des signes d’utilisation d’outils d’IA, homogénéisant les styles et réduisant la crédibilité des profils.
Les réponses des entreprises
Pour contrer ces défis, les entreprises adoptent des stratégies variées :
- Tests de préselection : 31 % utilisent des évaluations techniques ou comportementales pour vérifier les compétences réelles.
- Cabinets de recrutement spécialisés : 34 % font appel à des experts pour filtrer les candidatures.
- Révision des critères : 28 % ajustent leurs exigences pour éviter les pièges des CV automatisés.
Les logiciels RH intégrant l’IA (Workable, Manatal, etc.) sont également mobilisés pour analyser les CV et prioriser les profils pertinents. Cependant, ces outils restent complémentaires : les recruteurs gardent un rôle clé pour réintégrer des candidats écartés par erreur.
L’IA : un outil à double tranchant
Si les candidats exploitent l’IA pour optimiser leurs CV, les employeurs l’utilisent aussi pour automatiser les pré-entretiens via des chatbots. Ces derniers posent des questions basiques (disponibilité, prétentions salariales) et prennent des rendez-vous, libérant du temps pour les étapes décisives.
Cependant, les biais algorithmiques et les risques de discrimination persistent. Les ATS (Applicant Tracking Systems) peuvent éliminer des CV malgré leur qualité, si leur format ou leur contenu ne correspond pas aux attentes des machines.
L’IA a ouvert une ère de recrutement à haut risque, où les faux CV et les talents cachés coexistent. Pour les entreprises, la clé réside dans un équilibre entre automatisation et intervention humaine. En combinant des outils technologiques et une vigilance accrue, elles peuvent déjouer les pièges des CV automatisés et identifier les profils authentiques. Les candidats, quant à eux, doivent trouver un équilibre entre optimisation de leur dossier et transparence, pour éviter de se faire éliminer par les filtres algorithmiques.